Ce n’est pas un secret, les entreprises ont tendance à préférer les profils charismatiques pour les postes de management. Ce sont ceux qui se font remarquer par leur charisme surpuissant, dotés d’une aura magique qui leur permette d’être écouté de tous. À côté de ces cadres, les profils discrets sont littéralement invisibles. Sont-ils pour autant incompétents? Sont-ils de mauvais managers? La réponse est bien évidemment non, bien au contraire. Pourtant, ce profil plus discret est mis de côté lorsqu’il faut choisir entre le charismatique et lui. Persuadées que le charisme fait le leadership et donc un bon management, les entreprises écartent très souvent d’excellentes candidatures pour ce motif. Ont-elles raison? Dans cet article, nous allons essayer d’y voir plus clair entre le manager classique, le leader et le leader charismatique.

Le leadership

Le leadership définit la capacité d’une personne à mener des collaborateurs ou une organisation dans le but d’atteindre les objectifs. Le leader est quelqu’un qui est capable de guider, d’influencer et d’inspirer les autres. Un leader se distingue d’un manager classique. Ce dernier ayant des capacités pour la gestion, sans pour autant «mener» l’équipe ou l’organisation à une étape supérieure de son développement. En revanche, un bon manager peut parfaitement être un leader, mais ces deux compétences ne sont pas automatiquement liées.

Par le passé, le leadership était associé à la personnalité et particulièrement au charisme de la personne. Aujourd’hui, les qualités qui définissent le leadership ont évolué et se sont multipliées. En effet, plusieurs études récentes parlent d’une capacité confirmée par l’expérience et de compétences spécifiques comme la vision, la stratégie, la communication, la confiance, la persuasion et l’éthique.

Le leadership est attaché à la fonction et non à la personne. La bonne nouvelle, c’est que le leadership se travaille et se développe. Chacun peut donc en acquérir et le construire pour exposer une vision claire et donner au groupe l’envie de la réaliser. À l’opposé du manager, le leader n’impose pas et ne s’impose pas. En clair, le leader entraîne le groupe quand le manager contraint par son autorité liée à sa fonction.

Le charisme

Parlons maintenant du charisme. L’origine du mot vient du grec « kharisma » qui signifie « une faveur gratuitement accordée, une grâce, un don».

Wikipédia définit le charisme comme :
« La qualité d’une personne ou d’un groupe qui séduit, influence, voire fascine, les autres par ses discours, ses attitudes, son tempérament, ses actions. Un charisme puissant trouble et neutralise le jugement d’autrui ; le charisme aide à diriger, voire à manipuler, les autres. Une autorité charismatique est une façon de diriger les gens en prenant l’ascendant sur eux au moyen de son charisme. Concernant la capacité de certains à mener des groupes en jouant sur les aspects émotionnels, on parle de héros charismatique ou chef charismatique. »

Longtemps utilisé dans la sphère religieuse, le mot charisme a été repris en politique, plus généralement pour définir le pouvoir de « séduction » d’une personne sur un groupe. Dotée de qualités exceptionnelles, un individu charismatique est généralement un orateur exceptionnel, avec une forte prestance et une parfaite maîtrise de sa voix et de ses gestes. Bien qu’il demeure difficilement explicable, le charisme ne s’acquiert pas. Il est naturel et attaché à la personne, pas à sa fonction. Elle le conserve quand elle en change.

Le leader charismatique

Qu’en est-il du leader charismatique? Pour Max Weber, économiste et sociologue allemand, le leader charismatique a une autorité qui repose sur « l’héroïsme, un tempérament exemplaire, la dévotion, des modèles ou de l’ordre ordonné par lui ». Selon le sociologue, si un leader charismatique apparaît, c’est pour mener une mission et réaliser un projet. Ainsi, il saura s’entouré de nombreux fidèles qui adhèrent à son message, croient en son projet, le soutiennent et se soumettent à sa volonté.

Le leader charismatique est créatif et ne reprend pas les vieilles recettes. Il promet un meilleur avenir avec une rupture radicale des méthodes ou du fonctionnement actuel pour répondre aux envies profondes de ses fidèles. Concrètement, il apparaît quand les solutions traditionnelles semblent insuffisantes. C’est une sorte d’homme providentiel.

Cependant, s’en remettre à un leader charismatique n’est clairement pas une solution. En entreprise, il cherche à imposer son pouvoir. Son objectif n’est définitivement pas de « sauver l’entreprise » mais plutôt de briller en société. Doté de cette autorité naturelle, il apparaît souvent colérique et peu accessible au doute. Il impose souvent ses idées en hurlant ou en blessant pour s’assurer d’être entendu.

Autre point de vue intéressant, celui de Peter Drucker, consultant américain en management. Ce dernier disait : « Les 3 leaders les plus charismatiques du 20e siècle, Hitler, Staline et Mao, ont infligé plus de souffrances à l’espèce humaine que n’importe qui d’autre. » Cela laisse à réfléchir et pousse forcément à se méfier des leaders charismatiques.

Bon manager ou leader charismatique ?

Vous l’aurez compris le leader charismatique est certes écouté de ses équipes, mais il peut aussi générer de la souffrance. Entre les excès de pouvoir et l’arrogance, il met en péril le bien-être de ses collaborateurs, et peut même devenir toxique. Ce qui ne colle pas du tout avec les nouveaux modes de travail de plus en plus collaboratifs et la forte demande d’autonomie exigée par les nouvelles générations. Ainsi, certaines entreprises ont redéfinit leurs besoins.

Les qualités devenues indispensables au bon manager et les plus recherchées de nos jours sont :

  • Écoute
  • Équité
  • Attention
  • Empathie
  • Confiance
  • Disponibilité
  • Suivi et feedback
  • Organisation du travail
  • Capacité à déléguer, à prendre des décisions et à transmettre

Preuve à l’appui, l’enquête de Cadremploi de 2020 classe le charisme à l’avant-dernière place, loin derrière ces qualités. Les collaborateurs veulent des managers plus humbles et collaboratifs que charismatiques. Aujourd’hui, on va chercher un leader qui a, bien évidemment, cette vision nécessaire à la fonction, mais également cette capacité à prendre soin des autres et donc, avec qui les collaborateurs ont envie de travailler. Le manager qui privilégie la transmission de savoir, le feedback, la transparence et permet le droit à l’erreur sera en tête de liste.

Le leadership charismatique peut-il rimer avec un bon management ?

La croissance de beaucoup de TPE-PME est souvent portée par un patron très charismatique qui sait exactement là où il veut aller. Cependant, pour pérenniser cette croissance, le développement d’une entreprise, même petite, ne peut reposer sur une seule personne. Pour mettre en place cette transition, il devra co-construire les projets, les valeurs et les ambitions de l’entreprise avec ses équipes. En clair, ne plus être le seul sous le feu des projecteurs pour privilégier le collaboratif. Voilà l’avenir du management.

Être un bon manager consiste à être un véritable modèle pour les collaborateurs et donc bannir de son vocabulaire le fameux « faites ce qui je dis et non ce que je fais ». Faire du bien-être au travail une priorité en étant emphatique et bienveillant. C’est aussi savoir s’effacer lorsqu’il le faut et ne pas exiger d’être en permanence au premier plan. Le bon manager se concentre sur l’organisation du travail, la définition des normes et des objectifs, car sa priorité est la performance de l’entreprise et la motivation de ses équipes. Lui passe au second plan.

Ce qui n’est pas le cas du leader charismatique, qui veut toujours être la star sur scène et pour ça, il va jouer la carte de la créativité. Il est systématiquement tourné vers la compétition et aime être le gagnant. Son objectif est de conduire l’équipe quitte à la faire trimer, voir se sacrifier, pour effectuer ses tâches afin de montrer son brillant travail par une productivité extraordinaire.

Le leader 2.0

Depuis ces dernières années, certaines entreprises ont pris conscience qu’elles devaient rééquilibrer leur leadership en interne et se reposer sur des managers plus rationnels, capables de fédérer pour leur expertise et leurs idées. C’est un nouveau profil de leader qui apparaît : le leader 2.0

Un leader est inspirant et emblématique, c’est incontestable mais pour être un leader 2.0, il faut ajouter à ses qualités :

  • Collaboration
  • Bien-être au travail
  • Bienveillance
  • Inclusion
  • Humilité
  • Disponibilité
  • Référence
  • Échanges et confrontation des convictions
  • Écoute
  • Transparence
  • Vision qui élève collectivement et individuellement
  • Pédagogie
  • Accompagnement
  • Transmission de savoirs
  • Autonomie
  • Partage
  • Délégation
  • Empathie

Concrètement, si vous cherchez un leader 2.0, ce n’est pas en recherchant la prestance et le charisme que vous trouverez votre talent ! Les heures de gloire du profil charismatique sont révolues. Place au profil plus discret qui possède naturellement toutes les qualités du leader 2.0. Avoir un manager qui a la tête « comme une pastèque » est à l’opposé de ce que veulent les jeunes en entreprise.

Il est donc temps de revoir le processus de recrutement en commençant par mettre à jour les fiches de poste avec les qualités fondamentales à la fonction de leader 2.0. Revoir aussi la sélection des profils et privilégier les qualités clés plutôt que de chercher impérativement cette personnalité hors pair qui peut nuire au bien-être des collaborateurs dans le futur.

Trouver un leader 2.0 n’est pas une mince affaire, donc pensez à vous faire accompagner ou entièrement déléguer vos recrutements à Tricolor Expertise pour gagner en efficacité. Des questions ? N’hésitez pas à nous contacter pour avoir un diagnostic personnalisé !

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